La Route des Grandes Gueules
La Route des Grandes Gueules ( 2000)
Documentaire de 52 minutes de Philippe Crave et Roger Viry Babel
Scénario : Philippe Crave et Roger Viry-Babel
Ce film est en quelque sorte, 35 ans après son tournage, le making of du film de Robert Enrico ” Les Grandes Gueules” tourné en Lorraine, dans les Vosges, en 1965.
Ce projet initié par Créacin’ s’est déroulé sur deux ans et demi, entre 1999 et 2001
Historique du documentaire, par Philippe Crave
Le projet a pris naissance en mai juin 1999. Nous cherchions avec l’équipe de Créacin’, un sujet de fiction qui utiliserait les décors des montagnes vosgiennes.
En repérages dans les Vosges m’est revenue l’idée de ce film « Les Grandes Gueules » sur lequel rien n’avait été fait jusqu’à présent.
Cinéphile, avec une préférence pour le cinéma français et une affection particulière à la fois pour ce film qui fut la seule grande fiction populaire tournée en lorraine dans ma région d’origine, et aussi une grande admiration pour les « monstres sacrés » que sont André Bourvil ou Lino Ventura, j’ai eu la volonté de réaliser un document complet qui retrace le tournage de ce western Français si particulier.
Il a donc d’abord fallu se documenter énormément, en complément des informations que nous avions déjà sur notre connaissance du film. Il est vrai que l’existence sur place dans les Vosges de décors naturels, de lieux dits, ayant directement servi au tournage du film, comme le Cellet sur les hauteurs de Gérardmer ou encore l’église ou la place du village de Vagney, ont été des motivations suffisantes de « refilmer les lieux » . Nous avons souhaité recréer au niveau local une « route touristique des Grandes Gueules » une idée qui avait été évoquée par les institutions sur place mais qui n’avait jamais vu le jour. Une idée qui est restée dans le titre.
J’ai donc contacté les principaux intéressés, José Giovanni , l’auteur du roman Le haut fer et du scénario et Robert Enrico , le réalisateur du film, qui était lui même déjà revenu à plusieurs reprises dans les Vosges. Tous deux ont été ravis de l’idée et ont largement soutenu notre projet.. En parallèle, nous avons effectué de nombreux repérages sur les lieux clés et contacté tous les figurants sur place ainsi que les bénévoles ayant contribué a la bonne marche du tournage. Tous nous ont accueillis chaleureusement et ont retrouvé leurs souvenirs et anecdotes.
Sur Paris, j’ai rencontré Marie Dubois et Paul Crauchet. A la fin de notre entretien, ils ont accepté tous deux de revenir dans les Vosges pour se souvenir du film. De même pour Michel Constantin, contacté pat téléphone, qui vivait à Sainte Maxime : OK pour un retour dans les Vosges !
En parrallèle, José Giovanni me donne rendez vous dans un café des Champs Elysées, et me raconte toute la genèse du film. Quant à Robert Enrico, il me recoit chez lui à Paris. Interview fleuve, également . Seul avec chacun d’eux, avec mon dictaphone sous la main. Initule de préciser que je suis aux anges de rencontrer ces deux grands auteurs réalisateurs du Cinéma Français dont je connais et j’admire toute la carrière et tous les films.
L’interview s’est d’ailleurs poursuivie sur toute leur carrière, bien au delà des Grandes Gueules, qui étaient un peu comme un point de départ pour chacun d’eux.
C’est seulement après plus d’un an de travail entre 1999 et 2000 avec l’équipe de Créacin” , après de nombreux repérages sur les lieux de tournage, après des rencontres/interview de figurants ou de personnes ayant contribué à la réussite du tournage, que nous avons proposé le film à France 3 et à la société de production Mat Films. Une des conditions à l’acceptation de France 3 et Mat film de produire le film, a été le fait de travailler avec Roger Viry Babel, qui a apporté son savoir faire et son expérience, au projet déja bien avancé.
Et qui est sans nul doute pour beaucoup dans la qualité du film final, que nous avons signé tous les deux.
Roger a monté le film avec un excellent monteur de France 3, Dominique Petitjean, et il a su faire des coupes, et donner tout le dynamisme nécessaire au film, et son originalité. ( Là où de mon côté, j’aurais sans doute, par passion, fait un docu de 3 heures !) ( Nous avions au moins 10 heures de rushes)
Avec Roger, qui fut aussi mon professeur de cinéma à l’Université, et dont je fus l’assistant sur un film racontant l’histoire des habitants du Doubs dans l’après guerre, nous avons repris le scénario existant et réécrit un nouveau scénario, mettant en scène un jeune étudiant en cinéma (…) partant dans les vosges sur les traces du film, et rencontrant de nombreux témoins du tournage…pour se défaire de sa grande passion pour ce film.
Au générique, Roger est mentionné comme réalisateur du film, alors que dans le scénario que nous avons signé et paraphé tous les deux, il était bien précisé : Un film de Philippe Crave ( = auteur du projet et coordinateur artistique du film) Réalisé par Roger Viry babel( ( réalisateur technique du projet) Ce qui prête parfois à confusion. Les raisons de ces différences entre les mentions au scénario et les mentions sur le générique sont malheureusement courantes dans le cinéma et trop longues à expliquer ici. Mais le film est bien là et nous avons rendu hommage aux Grandes Gueules et à ses auteurs. C’est là l’essentiel. Trois des personnalités que nous avons interviewées nous ont depuis quittés ( Robert Enrico, José Giovanni, Michel Constantin) Et c’est bien triste.
Très vite, en complément de toute notre recherche est apparue en amont une question primordiale : pourquoi donc rien d’autre n’a été entrepris de ce genre dans les Vosges depuis 1965 ? Pourquoi cette unique expérience?
Dans la seconde partie de notre document, nous avions tenté de faire parler les politiques régionaux sur cette question qui nous intriguait à plusieurs points de vue, d’abord en tant que spectateurs mais surtout en tant que cinéastes d’origine Lorraine : pourquoi pas d’autres fictions en Lorraine depuis ?
Depuis 2000, j’ai la faiblesse de croire que notre propos à porté ses fruits, si j’en juge par les projets de films, téléfilms et longs métrages cinéma qui se sont enfin tournés dans les Vosges et en Lorraine!!
( enfin, oui, et presque trop tard pour moi…)
C’est Roger qui aurait été content, lui qui a tant fait pour le Cinéma en Lorraine, que les cinéastes viennent enfin y tourner ! Lui qui nous a malheureusement abandonnés sur la route, en Mai 2006.
Trop tôt, beaucoup trop tôt.
La conception et la réalisation de ” La Route des Grandes Gueules” fut une très belle aventure, dont on me parle encore régulièrement aujourd’hui.
Philippe Crave